Arthur Nicolet (1912-1958)

« Je suis un assassin. J’ai tué l’esprit de clocher.C’est la raison pour laquelle, fuyant les phlics, les syndics, les indics, les gabelous, les vaches et les mouches, je me jetai hardiment dans les rangs providentiels de la vieille Légion. »

Mektoub, c’était écrit, Villon, Gabriel Chevalier (La Peur) et Rabelais ont eu un petit ! Il était légionnaire (deux fois), Suisse, et se nommait Arthur Nicolet (1912-1958). Qu’on ne s’attende pas, en revanche, à trouver dans ces Mémoires des faits héroïques barbants, des charges à la baïonnette. Aux récits de combats homériques, il préfère nous conter les franches beuveries entre camarades – voire plus si affinités –, le lourd climat du Tonkin, la barbouille et le palud. Sans oublier l’« altération vénérique de la santé », si répandue au sein des troupes.

Guerrier, ouvrier, paysan, déporté, poète – surtout poète ! – il était un « corbeau augural échappé d’un flacon d’encre de Chine, comme un génie des Mille et Une Nuits ». Et il aura véritablement inventé une langue… Une langue qui est art car elle est vérité.